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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/53

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Sur cette détestable plaisanterie, elle se sauve, sans rien vouloir entendre, me laissant en proie aux mêmes devoirs que tout à l’heure. Le soir, rouge maintenant, entre par les fenêtres, et brouille, de ses reflets fantasques, l’aspect de toutes choses : c’est une heure sinistre.

Et je reprends mon poste de combat, sur le divan.

— Il va faire nuit tantôt, dit Nane.

— C’est le demi-jour propice aux doux larcins, dont on vous a sans doute déjà parlé. Non, ne me repoussez pas les mains, elles reviendraient.

Mais elle n’oppose plus qu’une faible résistance : elle calcule peut-être que d’ici l’heure du dîner il reste peu de temps à perdre.

— Est-ce que vous avez mis le verrou ? demande-t-elle.


*


Ma flamme vient d’être couronnée : ces choses-là ne vont pas sans qu’elle en soit d’abord sinon éteinte, au moins affaiblie. Nane elle-même, parmi de nombreux coussins, semble appartenir tout entière à ses pensées, et un grand silence pèse sur nous de toute part.