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Page:Toulet - Mon Amie Nane, 1922.djvu/65

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était maladroite, Nane, presque frénétique, cria, pleura, et cassa de la poterie. Peu s’en fallut même qu’elle ne déchirât le chèque propitiatoire où son nom était accompagné d’un gros chiffre : elle n’en fit rien pourtant, à la réflexion.

Ce courroux n’était pas raisonnable ; et il y avait longtemps que Nane connaissait les desseins de son amant, sans qu’elle s’en fût mise beaucoup en peine. Mais elle avait préparé pour la rupture tout un ensemble de pleurs, de langueurs, de pathétiques colères ; mais elle avait prévu la suprême étreinte, les caresses qu’on se donne encore une fois, qu’on ne se donnera jamais plus, et qui, d’être les dernières, semblent profondes comme la mort. Et voici que toute cette tragi-comédie ne serait pas jouée. Nane, après avoir écouté les pas de Jacques décroître à travers la porte ne retomberait pas brisée sur un sofa de couleurs assorties à son peignoir ; elle ne dirait pas d’une voix touchante : « Je connais les devoirs que votre monde vous impose » ; elle ne dirait rien, elle ne ferait rien, ou bien ce serait toute seule : Jacques renvoyait son rôle.

De tout cela il lui fallait une vengeance, sinon à la corse, au moins à la parisienne :