à coup sûr — nous accompagnaient, et la marche était fermée par Fedocéitch, ancien soldat, aux prodigieuses moustaches, avec la plus étrange physionomie qu’on pût voir. On eût dit qu’ayant un jour rencontré un sujet d’effarement extraordinaire, cet homme n’avait jamais pu en revenir tout à fait. Nous inspectâmes l’aire, les greniers, les hangars, les magasins, le moulin à vent, les étables, les potagers, les chènevières. Tout était vraiment bien tenu. Les figures tristes des moujiks seules me choquaient. Sofron savait même joindre l’agréable à l’utile. Les fossés étaient bordés de jeunes aubiers ; de petits sentiers sablés serpentaient sur l’aire entre les meules régulièrement entassées. Au-dessus du moulin à vent pivotait une girouette représentant un ours qui tirait une longue langue éclatante ; sur la façade extérieure des étables, Sofron avait fait exécuter une espèce de fronton grec sous lequel on lisait en grosses lettres blanches cette inscription d’un style particulier :
Arkadi Pavlitch s’attendrit jusqu’aux larmes.