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Page:Tourgueneff - Récits d un chasseur, Traduction Halperine-Kaminsky, Ollendorf, 1893.djvu/255

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Il m’exposa en français les avantages du système de la redevance, tout en notant que la corvée est plus précieuse pour le pomiéstchik.

— Mais on ne peut tout avoir.

Et il se mit à donner des conseils au bourmistre sur la manière de planter la pomme de terre, sur la préparation du breuvage des bestiaux, etc. Sofron écoutait avec attention et, parfois, se permettait des objections, car il n’appelait plus Arkadi Pavlitch « père et bienfaiteur » et ne cessait guère de dire que le terrain manquait et qu’il faudrait en acheter.

— Eh bien, répondit Arkadi Pavlitch, réunissez vos moyens et achetez, — sous mon nom, — je ne m’y oppose pas.

Sofron ne répondait qu’en se caressant la barbe.

— Allons-nous au bois ? me dit M. Penotchkine.

On nous amena des chevaux de selle et nous entrâmes dans le taillis giboyeux. Arkadi Pavlitch, tout joyeux, frappait de petits coups affectueux sur l’épaule de Sofron.

En sylviculture, ce gentilhomme s’en tenait aux idées russes. Il me conta même l’anecdote — selon lui fort plaisante — d’un pomiéstchik facétieux qui avait arraché d’un coup, à son forestier, la moitié de la barbe, pour lui faire