dai-je, et en même temps, d’un regard rapide, je parcours la cour étroite et profonde.
Tout est là, les planches et les poutres que j’ai vues en rêve.
— Non, me répondit la servante, le baron ne demeure pas ici.
— Comment non ? impossible…
— Il n’est plus ici maintenant ; il est parti hier.
— Pour quel pays ?
— Pour l’Amérique.
— L’Amérique… répétai-je involontairement. — Mais il reviendra ?
La servante me jeta un regard méfiant.
— Pour cela, nous ne pouvons rien en savoir ; peut-être ne reviendra-t-il pas du tout.
— A-t-il demeuré longtemps ici ?
— Pas longtemps ; une semaine.
— Et quel est le nom de famille du baron ?
La servante ouvrit de grands yeux.
— Vous ne connaissez pas le nom de famille de ce monsieur ? Holà, Pierre, cria-t-elle, en voyant que j’allais entrer, arrive donc ! Voilà un étranger qui fait toutes sortes de questions.
Un homme grossièrement bâti, à figure et à tournure d’ouvrier, sortit de la maison. « Qu’est-ce ? » demanda-t-il d’une voix enrouée ; et m’ayant écouté jusqu’au bout d’un air rébarbatif, il confirma tout ce que m’avait dit la servante. « Qui donc demeure ici ? demandai-je. — Notre patron. — Qui est-il ? — Un menuisier. Dans cette rue, il n’y a que des menuisiers. — Peut-on le voir ? — Non ; il dort à cette heure. — Peut-on entrer dans la maison ? — Non ; allez-vous-en. — Mais plus tard, pourrai-je voir votre patron ? — Certainement vous pourrez le voir, c’est un commerçant. Mais à présent, allez-vous-en. Peut-on venir déranger les gens à pareille heure ? — Et le nègre ? demandai-je tout à coup. L’homme regarda avec étonnement, moi d’abord, puis la servante. « Quel diable de nègre ! murmura-t-il entre ses dents. Allons, monsieur, filez ; vous reviendrez plus