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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/103

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êtes, et de vous ramener à la maison avec moi.

Sanine examina le vieil Italien et se mit à réfléchir. Une idée lui traversa la tête. Au premier abord cette idée semblait saugrenue, impossible… « Mais après tout, pourquoi pas ? » se demanda-t-il à lui-même.

— Monsieur Pantaleone ? dit-il à haute voix.

Le vieillard tressaillit, enfonça le menton dans sa cravate et regarda Sanine.

— Vous avez entendu parler de ce qui s’est passé hier ?

Pantaleone se mordilla les lèvres et secoua son énorme toupet.

— Je sais tout.

Emilio à son retour n’avait rien eu de plus pressé que de lui raconter l’affaire.

— Ah ! vous êtes au courant ?… Eh bien !… je viens de recevoir la visite d’un officier. L’insolent d’hier me provoque… J’ai accepté le duel, mais je n’ai pas de témoin… Voulez-vous me servir de témoin ?

Pantaleone eut un tressaillement nerveux et releva les sourcils si haut, qu’ils disparurent sous ses cheveux pendants.