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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/128

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d’alouettes retentit haut dans le ciel bleu mais pas encore lumineux.

Tout à coup, au contour de la route derrière un haut peuplier, apparut une silhouette bien connue ; elle fit quelques pas et s’arrêta.

Sanine regarda plus attentivement.

— Mon Dieu ! c’est Emilio ! Mais sait-il quelque chose ? demanda-t-il à Pantaleone.

— Quand je vous dis que je suis fou ! cria désespérément l’Italien : — de toute la nuit ce malheureux garçon ne m’a pas laissé un instant de repos, et ce matin je lui ai tout avoué.

« Voilà la segredezza ! » pensa Sanine.

La voiture eut bientôt rejoint Emilio. Sanine donna l’ordre d’arrêter et appela le « malheureux garçon ».

Emilio s’approcha en vacillant, aussi pâle que le jour de son accès… Il ne tenait pas sur ses pieds.

— Que faites-vous ici ? lui demanda Sanine. Pourquoi n’êtes-vous pas resté chez vous ?

— Permettez, permettez-moi de vous accompagner, demanda Emilio d’une voix qui tremblait et les mains suppliantes.