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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/127

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Sanine fut d’abord un peu surpris et se mit à rire en passant légèrement le bras autour du vieillard.

— Le vin est tiré, dit-il, maintenant il faut le boire !

— Oui, oui, reprit Pantaleone, nous viderons ce calice… Mais cela n’empêche pas que je suis un fou, un fou, un fou ! Tout était si calme, tout allait si bien !… et tout à coup… ta-ta-ta, tra-ta-ta !…

— Comme le tutti dans l’orchestre, dit Sanine avec un sourire forcé… Puis ce n’est pas votre faute !…

— Je sais bien que ce n’est pas ma faute !… Je crois bien… Mais tout de même j’ai agi comme un insensé !… Diavolo ! diavolo ! répéta Pantaleone en secouant son toupet et avec force soupirs.

La voiture roulait, roulait toujours.

La matinée était très belle. Les rues de Francfort qui commençaient à peine à se peupler semblaient particulièrement propres et confortables, et les vitres des maisons brillaient chatoyantes comme du paillon. Dès que la voiture eut franchi la barrière, tout un chœur