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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/134

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Les champions et les témoins échangèrent les saluts d’usage. Seul le médecin ne fronça même pas les sourcils, il s’assit sur l’herbe en bâillant d’un air de dire : « Je ne me soucie guère de ces simagrées de paladins. »

M. Von Richter proposa à M. Tchibadola de choisir le terrain… M. Tchibadola répondit en remuant avec difficulté la langue :

— Faites comme vous voulez, je regarderai.

M. Von Richter se mit alors à l’œuvre. Il découvrit dans la forêt une éclaircie couverte de fleurs multicolores ; il mesura les pas ; marqua les deux points extrêmes par deux morceaux de bois qu’il tailla sur place. Puis il sortit les pistolets de l’étui, et s’asseyant sur ses talons les chargea. En un mot il se donna beaucoup de peines, essuyant sans cesse son visage en sueur avec son mouchoir blanc.

Pantaleone le suivait pas à pas, il avait l’air de souffrir du froid.

Pendant ces préparatifs les deux rivaux se tenaient à distance et ressemblaient assez à des écoliers en pénitence qui boudent leurs gouverneurs.