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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/140

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Tout près de l’endroit où deux heures auparavant ils avaient rencontré Emilio, ils le virent tout à coup surgir de derrière les arbres. L’enfant, agitant un chapeau en l’air, avec des cris de joie, courut en bondissant jusqu’à la voiture, et au risque de tomber sous les roues, sans attendre que les chevaux fussent arrêtés, sauta par-dessus la portière dans le landau, et se serrant contre Sanine s’écria d’une haleine :

— Vous vivez ?… Vous n’êtes pas blessé… Pardonnez-moi… je ne vous ai pas obéi… je ne suis pas retourné à Francfort… c’était plus fort que moi… Je vous ai attendu ici… Racontez-moi comment cela s’est passé ?… Vous l’avez tué ?

Sanine eut de la peine à calmer l’éphèbe et à le faire asseoir près de lui.

Pantaleone avec une grande volubilité et un plaisir évident, détailla par le menu tous les incidents du duel, et il n’oublia pas de comparer Sanine au monument de bronze et à la statue du Commandeur ! Puis il se leva, et, les pieds écartés pour ne pas perdre l’équilibre, les bras croisés sur sa poitrine, avec un re-