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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/142

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Emilio rougit et se troubla.

— J’ai été obligé de tout lui avouer, dit-il. Elle avait deviné… et je n’ai pas pu me taire… Et qu’est-ce que cela fait maintenant puisque tout a si bien tourné, et qu’elle vous a vu en bonne santé, sain et sauf ?

Sanine se détourna.

— Cela n’empêche pas que vous êtes deux grands bavards, ajouta-t-il d’un ton de dépit.

Il entra dans son appartement et s’assit sur une chaise.

— Ne vous fâchez pas, je vous en prie ? implora Emilio.

— Bon, je ne me fâcherai pas.

Sanine en effet n’était pas bien fâché… et au fond de son cœur il ne pouvait pas souhaiter que Gemma ne sût rien de ce qui s’était passé.

— Bien… bien… c’est assez s’embrasser… Laissez-moi seul… J’ai besoin de dormir… je suis fatigué.

— C’est une excellente idée, s’écria Pantaleone… Vous avez bien gagné votre repos, noble signore ! Allons-nous-en, Emilio, sur la pointe des pieds ! Chut !…

En disant qu’il voulait dormir, Sanine cher-