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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/149

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jeune fille, — elle m’aime beaucoup, mais elle est républicaine et volontaire, elle brave l’opinion… Vous seul vous pouvez avoir de l’influence sur elle…

Sanine fut encore plus étonné.

— Moi, Frau Lénore ?

— Oui, il n’y a que vous, que vous seul qui puissiez lui faire entendre raison… C’est pourquoi je suis venue vous voir… C’est la seule chose qu’il me reste à faire… Vous êtes savant, vous êtes brave… Vous avez pris sa défense… elle croira tout ce que vous direz… Elle doit vous écouter… Vous avez risqué votre vie pour elle !… Vous lui montrerez qu’elle va tous nous ruiner, à commencer par elle-même… Vous le lui ferez voir clairement… Vous avez déjà sauvé mon fils !… Vous sauverez aussi ma fille !… C’est Dieu lui-même qui vous a envoyé ici… Je suis prête à vous demander cette grâce à genoux.

Frau Lénore se souleva à demi sur sa chaise comme pour se jeter à genoux.

Sanine la retint.

— Frau Lénore ! de grâce !… Que faites-vous ?