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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/150

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Elle saisit convulsivement les mains du jeune homme.

— Vous me promettez ?

— Mais, Frau Lénore, un moment… comment voulez-vous… ?

— Non, promettez-moi ? Vous ne voulez pas que je meure ici, à cette place, à vos pieds ?

Sanine ne savait plus où il en était. Pour la première fois de sa vie il se trouvait aux prises avec le sang italien en ébullition.

— Je ferai tout ce que vous voudrez, dit-il. Je parlerai à Fraülein Gemma.

Frau Lénore poussa un cri de joie.

— Mais, bien entendu, je ne garantis pas le résultat de l’entrevue ! ajouta Sanine.

— Oh ! ne me refusez pas votre aide… Ne me la refusez pas, dit Frau Lénore d’une voix suppliante… J’ai votre promesse ! Le résultat ne peut être que bon… En tout cas, moi je n’y peux plus rien… moi, elle ne m’écoute plus.

— Elle vous a déclaré catégoriquement qu’elle ne veut plus épouser M. Kluber ? demanda Sanine, après un instant de silence.

— Elle a tranché la question comme avec un