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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/15

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Saint-Pétersbourg. À cette époque, il y avait encore peu de chemins de fer ; les touristes voyageaient en diligence. Sanine prit son billet pour le beiwagen, mais la voiture ne partait qu’à quatre heures du soir. Il avait donc beaucoup de temps à perdre.

Par bonheur, il faisait très beau et Sanine, après avoir dîné à l’hôtel du Cygne Blanc, célèbre à cette époque, se mit à flâner dans la ville. Il alla voir l’Ariane, de Danneker, qui ne lui plut pas beaucoup, et fit un pèlerinage à la maison de Goethe, dont il ne connaissait du reste que le Werther, et encore dans une traduction française. Il fit une promenade sur les bords du Mein et commença à s’ennuyer un peu, comme il sied à un touriste qui se respecte ; enfin, vers six heures du soir, fatigué, les bottines poudreuses, il se trouva dans une des plus petites rues de Francfort.

Sur une des maisons espacées il aperçut l’enseigne : « Confiserie italienne. Giovanni Roselli. »

Sanine entra pour prendre un verre de limonade, mais dans la première boutique il ne trouva personne. Derrière le modeste comp-