Aller au contenu

Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

couteau… Elle est tout le portrait de son père Giovanni Battista… Elle est terrible !

— Terrible ? — Fraülein Gemma ?…

— Oui, oui… mais en même temps elle est un ange… Elle vous écoutera… Vous allez venir, bientôt, n’est-ce pas ?… Oh ! mon cher ami, oh ! mon ami russe !

Frau Lénore se leva impétueusement et avec le même élan saisit la tête du jeune homme.

— Recevez la bénédiction d’une mère, et donnez-moi de l’eau !…

Sanine présenta à madame Roselli un verre d’eau, lui promit sur son honneur qu’il s’empresserait de la rejoindre, la reconduisit jusqu’à la rue, et revenu dans la chambre, se laissa aller à tout son étonnement.

« Voilà la vie qui commence à tourbillonner, pensa-t-il… Et quel tourbillon… la tête me tourne ! »

Il ne chercha pas à s’analyser ni à démêler ce qui se passait en lui.

« Quelle journée ! murmurèrent involontairement ses lèvres !… Sa mère dit qu’elle est terrible !… Et c’est moi qui dois lui don-