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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/159

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nait sa robe pour dissimuler ce tremblement…

Il posa doucement sa main sur les doigts pâles et tremblants de la jeune fille.

— Gemma, dit-il, pourquoi ne me regardez-vous pas ?

Elle rejeta à l’instant son chapeau en arrière sur sa nuque, et leva sur Sanine ses yeux confiants et pleins de gratitude, comme quelques instants auparavant.

Elle attendait les paroles du jeune homme… Mais, devant ce visage sincère, Sanine se troubla, il se sentit ébloui. Un chaud reflet du soleil du soir illuminait cette jeune tête italienne, et l’expression de ce visage était plus lumineuse, plus éclatante que la lumière même.

— Je suivrai votre conseil, monsieur Dmitri, dit-elle avec un faible sourire, et en relevant imperceptiblement les sourcils : mais quel conseil me donnez-vous ?

— Quel conseil ?… Votre mère croit que de refuser M. Kluber uniquement pour la raison qu’il n’a pas fait preuve de courage l’autre jour…

— Pour cette raison uniquement ? dit Gemma…