Aller au contenu

Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle ne savait plus ce qu’elle faisait, et commença à remettre dans la corbeille les cerises qu’elle avait triées à part dans l’assiette.

— Maman espère que je vous écouterai… En effet… peut-être que je suivrai votre conseil…

— Mais, permettez, Fraülein Gemma, j’aurais voulu savoir d’abord quelles sont les raisons qui vous ont poussée…

— Je suivrai votre conseil, continua Gemma.

Ses sourcils se froncèrent, ses joues pâlirent ; elle se mordilla la lèvre inférieure.

— Vous avez tant fait pour moi que je dois faire ce que vous me conseillez… je dois accepter votre volonté… Je dirai à maman que je veux réfléchir encore… Mais voici maman qui arrive à propos !…

En effet, Frau Lénore apparaissait sur le seuil de la porte de la maison ouvrant sur le jardin. Elle se mourait d’impatience ; elle ne tenait plus en place. D’après ses calculs, Sanine devait depuis longtemps avoir terminé ses explications avec Gemma, bien qu’en réalité la conversation n’eût pas encore duré un quart d’heure.