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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/174

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meneur qui passait au-dessous d’eux se mît à les injurier d’une voix forte et vibrante.

Après ils s’allongèrent sur la mousse courte et sèche d’un jaune violacé, puis ils burent de la bière chez un autre traiteur, ensuite ils se mesurèrent à un steeple-chase, pariant à qui irait le plus vite et sauterait le plus haut.

Ils découvrirent un écho et entrèrent en conversation avec lui, puis ils se mirent à chanter et à jouer à cache-cache en s’appelant par des cris. Ils luttèrent ensemble, cassèrent des branches, ornèrent leurs chapeaux de feuilles de fougère et esquissèrent même des pas de danses.

Tartaglia prenait part à ces ébats selon ses moyens et ses capacités ; il ne lançait pas des pierres, mais il courait après et se roulait à leur suite comme une toupie ; il hurlait quand les jeunes gens chantaient, et même pour leur tenir compagnie, il but de la bière avec un dégoût manifeste. Il tenait ce talent d’un étudiant allemand à qui il avait appartenu dans le temps. D’ailleurs, il n’obéissait guère à Emilio, beaucoup moins qu’à son véritable maître Pantaleone ; ainsi quand Emilio lui disait de