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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/175

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« parler » ou de « lire », il se contentait de remuer la queue et de tirer la langue en trompette.

Les jeunes gens avaient pourtant trouvé le loisir d’aborder des sujets philosophiques. Au début de la promenade, Sanine, en sa qualité d’aîné et d’homme raisonnable, avait amené la conversation sur la nature du fatum et l’objet de la mission de l’homme sur la terre, mais l’entretien ne resta pas longtemps à ce diapason.

Emilio trouva plus intéressant d’interroger son ami sur la Russie, lui demandant comment on s’y battait en duel, s’il y avait de belles femmes en Russie, si le russe est une langue facile à apprendre, et quelles impressions il avait ressenties au moment où l’officier l’avait visé ?

Sanine, de son côté, questionna le jeune homme sur sa mère, sur son père, sur leurs affaires de famille en général, s’efforçant de ne pas mentionner le nom de Gemma mais pensant à elle tout le temps.

À vrai dire, ce n’est pas à Gemma elle-même qu’il pensait, mais au lendemain, à ce lende-