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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/189

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XXVIII

Sanine marchait tantôt à côté de Gemma, tantôt un peu en arrière. Il ne la quittait pas des yeux et souriait sans cesse. Elle semblait quelquefois presser le pas et à d’autres moments ralentir sa marche. Et l’un et l’autre, lui tout pâle, et elle toute rose d’émotion, ils avançaient comme dans un rêve.

Ce qui venait de se passer entre eux quelques instants auparavant, cette union mutuelle de leur âme était si soudaine, si nouvelle et si oppressive ; leur vie venait de subir un changement, un déplacement si imprévu, qu’ils ne pouvaient se rendre compte de ce qui leur arrivait, et se sentaient emportés par un tourbillon, comme celui qui les avait un soir