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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/191

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pas d’amour, — cet amour était chose entendue, sacrée, — mais de sujets indifférents.

— Oui, c’est Pantaleone, dit Gemma heureuse et gaie. Il m’aura sans doute suivie… déjà hier il était toute la journée sur mes talons… Il a deviné…

— Il a deviné !

Sanine répétait avec ivresse les paroles de Gemma.

D’ailleurs qu’aurait pu dire Gemma qui ne l’eût pas jeté en extase ?

Le jeune homme pria Gemma de lui raconter en détail tout ce qui s’était passé la veille.

Gemma commença son récit avec précipitation, s’embrouillant, s’interrompant pour sourire et pousser de légers soupirs, en échangeant avec son interlocuteur de rapides regards lumineux.

Elle lui raconta qu’après la discussion qu’elle avait eue avec sa mère deux jours auparavant, madame Roselli avait voulu lui arracher une réponse définitive, mais elle était parvenue à lui faire prendre patience jusqu’au lendemain dans la journée. Ce sursis n’avait pas été facile