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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/196

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Il vit Gemma et reconnut Sanine ; avec un ricanement intérieur, il cambra sa taille svelte et marcha au-devant du couple.

Le premier mouvement de Sanine fut du dédain, mais quand il regarda le visage de Kluber, qui s’efforçait de revêtir une expression d’étonnement, de mépris et de compassion, la vue de ce visage vermeil, banal, fit bouillonner la colère de Sanine, et le jeune homme fit quelques pas en avant.

Gemma saisit la main de Sanine et la serrant avec une dignité résolue elle regarda en face son ancien fiancé.

M. Kluber cligna des yeux, se fit petit, et passa vite à côté des jeunes gens en murmurant entre ses dents : « C’est ainsi que finit la chanson », et s’éloigna de son allure sautillante de dandy.

— Qu’a-t-il dit, l’insolent ? demanda Sanine.

Il voulut courir après Kluber, mais Gemma le retint et l’entraînant avec elle, garda son bras posé sous celui du jeune homme.

Peu après ils aperçurent la confiserie. Gemma fit de nouveau une pause.

— Dmitri, Monsieur Dmitri, dit-elle, nous