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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/200

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loin : « Je viens pour vous demander la main de mademoiselle votre fille. »

Frau Lénore s’en voulait surtout de son aveuglement, elle ne se pardonnait pas de n’avoir rien vu :

« Si mon Giovanni Battista était là, rien de semblable ne se serait passé ! » répétait-elle à satiété.

« Mon Dieu, comment tout cela finira-t-il ? pensait Sanine… cela devient bête, à la fin. »

Il avait peur de regarder Gemma qui n’osait plus lever les yeux sur lui. Elle se contentait d’offrir ses soins à Frau Lénore qui d’abord les repoussa aussi.

Mais peu à peu l’orage s’apaisa. Frau Lénore cessa de pleurer, elle permit à Gemma de la tirer du coin dans lequel elle s’était blottie, de l’installer dans le grand fauteuil près de la fenêtre, de lui donner à boire un verre d’eau sucrée avec de l’eau de fleurs d’oranger. Elle ne permit pas à Sanine de l’approcher ! Oh non ! — mais d’entrer dans la chambre dont elle l’avait expulsé, et elle consentit à le laisser parler sans l’interrompre.

Sanine mit immédiatement l’accalmie à