Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/212

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Frau Lénore se livrait toujours à ses combinaisons pratiques, tandis qu’Emilio suppliait Sanine de l’emmener en Russie avec lui.

Il fut décidé que Sanine partirait dans deux semaines.

Seul, Pantaleone restait un peu morose ; Frau Lénore jugea même opportun de lui dire : « Mais c’est vous qui avez servi de témoin. » Pantaleone jeta un regard en dessous.

Gemma garda presque tout le temps le silence, mais jamais son visage n’avait été plus beau ni plus lumineux.

Après le dîner elle appela Sanine pour une minute au jardin, et parvenue au banc où deux jours auparavant elle avait trié les cerises, elle dit au jeune homme :

— Dmitri, ne te fâche pas, mais je veux encore une fois te rappeler que tu ne dois pas te croire irrévocablement lié ?…

Il ne lui laissa pas achever sa phrase…

Gemma détourna son visage :

— Quant à l’autre chose… quant à la différence de religion dont parle maman, reprit Gemma en sortant une petite croix de grenat attachée à son cou par un fin cordon de soie…