Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/217

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— Oui, on le dit aussi !

— Et toi, tu ne le sais pas au juste, toi ?

— Moi, mon ami, je ne me mêle pas des affaires de ma femme.

— Tu ne te mêles pas des affaires de ta femme, d’aucune ?

De nouveau les yeux de Polosov vaguèrent en tous sens.

— D’aucune… Ma femme va de son côté — et moi, du mien…

— Où vas-tu maintenant ? demanda Sanine.

— Dans ce moment je ne vais nulle part, je reste debout dans la rue à causer avec toi ; et quand notre conversation sera finie, je rentrerai à l’hôtel et je déjeunerai.

— M’acceptes-tu pour compagnon ?

— C’est-à-dire que tu veux déjeuner avec moi ?

— Oui !

— Avec plaisir. C’est toujours plus agréable de manger à deux… Tu n’es pas bavard ?

— Je ne crois pas…

— Cela me va…

Polosov se remit en marche. Sanine se plaça à côté de lui.