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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/219

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laevna !… dit Polosov en se laissant choir dans un fauteuil. Ouf ! qu’il fait chaud, gémit-il en desserrant sa cravate.

Il sonna pour le maître d’hôtel et choisit soigneusement le menu d’un copieux déjeuner.

— Puis, ajouta-t-il, à une heure la voiture… vous entendez… à une heure précise…

Le maître d’hôtel se courba en deux dans un salut obséquieux et disparut.

Polosov déboutonna son gilet. Rien qu’à le voir relever ses sourcils, souffler avec peine et retrousser son nez, il était facile de deviner que parler lui était un effort pénible, et qu’il se demandait, non sans inquiétude, si Sanine l’obligerait à donner de l’exercice à sa langue ou si son ami ferait les frais de la conversation.

Sanine comprit l’état d’esprit de son ancien camarade et ne l’importuna plus de questions, se bornant à lui demander ce qu’il lui était indispensable de savoir.

Il apprit que Polosov avait été pendant deux ans dans l’armée en qualité de uhlan. — « Ce qu’il devait être gracieux dans la courte veste des uhlans ! » pensa Sanine.

Polosov confia encore à son ami qu’il était