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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/222

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dit que je ne me mêle pas des affaires qui concernent ma femme, et je te le répète.

Polosov continua de faire claquer ses lèvres en mâchant.

— Hum !… Mais comment ferai-je pour lui parler de cette affaire moi-même ?

— Mais le plus simplement du monde… Va lui faire visite à Wiesbaden… Ce n’est pas loin d’ici… Garçon, de la moutarde anglaise ?… Vous n’en avez pas ?… Quels animaux !… Mais ne perdons pas de temps ! Nous partons après-demain… Laisse-moi remplir ton petit verre… Tu verras quel bouquet… Ce n’est pas du vinaigre.

Le visage de Polosov s’anima et se colora… Il s’animait uniquement lorsqu’il mangeait et buvait.

— Vraiment, je ne sais pas comment faire, dit Sanine.

— Mais es-tu si pressé de vendre ?

— Certainement, je suis très pressé.

— Et il te faut beaucoup d’argent ?

— Beaucoup… Vois-tu… je te dirai tout… je me marie !

Polosov posa sur la table le verre qu’il portait déjà à ses lèvres.