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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/221

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— Ma femme possède des terres dans le voisinage… Eh ! garçon, débouchez cette bouteille !… Ces terres sont bonnes… mais tes moujiks t’ont coupé ton bois… À propos, pourquoi veux-tu vendre ton bien ?…

— J’ai besoin de réaliser l’argent… oui… je vendrai bon marché, tu feras une bonne affaire en me rachetant.

Polosov but d’un trait un verre de vin, s’essuya la bouche avec sa serviette et se remit à mastiquer lentement et avec bruit.

— Oui… dit-il enfin… Moi je n’achète pas de propriétés… je n’ai pas de capital… Passe-moi le beurre… Mais ma femme achètera peut-être ton bien… Parle-lui de ton affaire… Si tu ne demandes pas cher… elle ne craint pas d’acheter… Mais quels ânes que ces Allemands ? Ils ne savent pas préparer le poisson ! Qu’y a-t-il de plus simple !… Et ils parlent de l’unification de leur Vaterland… Garçon, emportez cette saleté…

— Mais c’est donc vrai ? Ta femme gère seule ses propriétés ?… demanda Sanine.

— Toute seule !… Les côtelettes sont bonnes… Je te les recommande !… Je t’ai déjà