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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/236

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reux… que tu as l’intention de te marier… Eh bien ! raconte-lui toute l’affaire…

Sanine se sentit blessé.

— Mais que peux-tu trouver d’amusant dans mon mariage ?

Polosov se contenta de regarder Sanine dans les yeux pendant que le jus de l’orange coulait sur son menton.

— C’est ta femme qui t’a demandé d’aller à Francfort pour faire ces emplettes ? demanda Sanine après quelques moments de silence.

— Oui, c’est elle-même !

— Quelles emplettes ?

— Mais… des joujoux !

— Des joujoux ?… Tu as des enfants ?

À cette question, Polosov s’éloigna de Sanine.

— Qu’est-ce que lu dis là ? Pourquoi aurais-je des enfants ?… Les joujoux, ce sont des colifichets… des articles de toilette…

— Tu t’y entends ?

— Je m’y entends…

— Mais tu m’as dit que tu ne te mêles jamais des affaires qui concernent ta femme !

— Je ne me mêle pas d’autre chose… rien que de sa toilette… cela me désennuie… Ma