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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/265

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— La musique aussi ?

— La musique aussi.

— Et moi je ne l’aime pas du tout. Je n’aime que les chansons russes… et encore au village, au printemps, avec des danses… Vous savez ce que j’entends ! Les moujiks en chemises rouges… dans les prairies d’herbe tendre… délicieux !… Parlez donc…

Tout en marchant, Maria Nicolaevna regardait Sanine avec persistance.

Elle était de taille élevée, et son visage se trouvait presque au niveau de celui du jeune homme.

Il se mit à raconter ses faits et gestes d’abord par devoir, gauchement — mais peu à peu il s’anima et parla avec volubilité. Maria Nicolaevna savait écouter, puis elle paraissait si sincère qu’elle obligeait involontairement les autres à la même sincérité.

Elle possédait ce « terrible don de la familiarité » dont parle le cardinal de Retz.

Sanine raconta ses voyages, sa vie à Saint-Pétersbourg et sa jeunesse. Si Maria Nicolaevna eût été une grande dame avec des manières raffinées, il ne se serait pas laissé aller à