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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/269

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— Quand on vous obéit, marmotta de nouveau Polosov.

— Naturellement, quand on m’obéit. C’est pourquoi je suis si heureuse avec toi… N’est-ce pas, ma petite crêpe ?… Et voici le café.

Sur le vaste plateau qu’apporta le garçon se trouvait le programme du spectacle du soir. Maria Nicolaevna s’en empara aussitôt.

— Un drame ! dit-elle avec colère, un drame allemand. En tout cas cela vaut encore mieux qu’une comédie allemande !… Retenez pour moi une loge… une baignoire… Non… Je préfère la Fremden-loge (la loge des étrangers)… Vous entendez, garçon, la Fremden-loge.

— Mais si la Fremden-loge est déjà retenue par Son Excellence le Stadt-Director

— Vous donnerez à Son Excellence dix thalers et la loge m’appartiendra ! Vous entendez !

Le garçon baissa tristement la tête d’un air soumis.

— Dmitri Pavlovitch, vous m’accompagnerez au théâtre ? Les acteurs allemands sont détestables ! — Mais vous m’accompagnerez ? Oui ? Oui ? Que vous êtes aimable !… Et toi, ma petite crêpe, tu ne viendras pas ?