Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/273

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quérait de tout, entrait dans les plus minimes détails, mettait les points sur les i.

Cet examen dura pourtant une heure et demie. Sanine ressentit tous les tourments d’un accusé assis sur le banc étroit, devant un juge sévère et pénétrant.

— Mais c’est un interrogatoire ? disait-il douloureusement.

Maria Nicolaevna ne cessait de sourire, comme pour montrer qu’elle badinait. Mais Sanine n’en souffrait pas moins.

Lorsqu’il devint évident au cours de l’interrogatoire que le jeune homme ne distinguait pas assez clairement la signification des mots « nouveau partage » et « le labour », Sanine sentit la sueur humecter son front.

— Bien, c’est bien, dit Maria Nicolaevna… Je connais maintenant votre propriété comme vous la connaissez vous-même… Combien me demandez-vous par âme ?

À cette époque on vendait en Russie les propriétés à tant par tête de serf attaché à la propriété !

— Mais… je suppose… pas moins de cinq cents roubles ? dit Sanine avec effort.