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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/284

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ornait mon appartement de camélias… Cependant, ce n’est pas la peine de rester à Saint-Pétersbourg tout l’hiver en prévision de cette surprise ?… Il devait avoir au moins soixante-et-dix ans ? demanda-t-elle à son mari.

— Oh oui ! Mais quelles funérailles ! Toute la Cour ! Le journal publie aussi des vers du prince Kovrijkine à la mémoire du prince Gromoboï.

— Tant mieux !

— Veux-tu que je te les lise ?

— Non, je n’y tiens pas… Allons dîner. Le vivant pense à la vie ! Votre main, Dmitri Pavlovitch.

Le dîner était irréprochable comme la veille, et fut plus animé.

Maria Nicolaevna savait raconter, don rare chez une femme et surtout chez une femme russe. Elle ne choisissait pas ses expressions, et surtout n’épargnait pas ses compatriotes. Sanine éclata de rire plus d’une fois à ses mots à l’emporte-pièce qui frappaient toujours juste.

Maria Nicolaevna détestait par-dessus tout les dévots, les phraseurs et les menteurs. Et elle en trouvait partout…