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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/292

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Maria Nicolaevna le regarda selon son habitude un peu de côté et en-dessous.

— N’allez pas en conclure que je suis très savante… Eh ! mon Dieu, non, je ne suis pas savante du tout et je ne possède aucun talent… C’est à peine si je sais écrire… et je ne suis pas capable de lire à haute voix… je ne sais pas jouer du piano, ni dessiner, ni coudre… Voilà comment je suis, — rien de plus, rien de moins !

Elle écarta les bras.

— Je vous raconte tout cela, continua-t-elle, d’abord pour ne pas écouter ces imbéciles (elle indiqua la scène, où à ce moment à la place du jeune premier hurlait l’actrice, aussi les coudes en avant) et secondement parce que je suis en arrière avec vous… Vous m’avez raconté hier votre vie.

— Vous avez bien voulu m’interroger, dit Sanine.

Maria Nicolaevna se tourna brusquement vers lui et dit :

— Et vous, vous ne tenez pas à savoir quelle femme je suis ? D’ailleurs, cela ne m’étonne pas, ajouta-t-elle en s’appuyant de nouveau