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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/294

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Cette hilarité ne fit qu’irriter encore plus Sanine.

Il y avait des instants où il ne savait s’il était fâché ou s’il était content, s’il s’ennuyait ou s’il s’amusait.

Oh ! si Gemma le voyait !

— Vraiment, c’est étrange, dit tout à coup Maria Nicolaevna, on vous annonce toujours et de la voix la plus calme : « Je vais me marier » et personne ne songe à vous dire calmement : « Je vais me jeter à l’eau ! » Et pourtant où est la différence ?… Vraiment, c’est étrange.

Sanine éprouva un sentiment de dépit.

— Il y a une grande différence, Maria Nicolaevna… Il y a des gens qui n’ont pas peur de se jeter à l’eau : ils savent nager !… Puis si vous voulez parler de mariages étranges…

Il se tut subitement et se mordit la langue…

Maria Nicolaevna donna un petit coup d’éventail dans la paume de sa main.

— Continuez, Dmitri Pavlovitch, continuez… Je comprends ce que vous avez voulu dire : « Si nous parlons de mariage, madame, avez-