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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/308

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sur sa table une lettre de Gemma… Il eut un mouvement d’effroi, mais il sourit aussitôt pour se dissimuler à lui-même cette impression.

La lettre de Gemma ne contenait que quelques lignes.

Elle était heureuse d’apprendre que « l’affaire avait si bien commencé », elle exhortait Sanine à la patience, l’assurait que tout irait bien et d’avance se réjouissait de son retour.

Sanine trouva cette lettre un peu sèche, mais il prit quand même une feuille de papier et une plume… puis il les jeta de côté.

— À quoi bon écrire… je retournerai demain… Il en est temps ! Il en est grand temps !

Il se coucha aussitôt et s’efforça de s’endormir tout de suite.

S’il avait essayé de veiller, il aurait sans doute pensé à Gemma, mais, sans savoir pourquoi, il avait honte de penser à elle. Sa conscience n’était pas tranquille… Mais il la calmait en se disant que le lendemain tout serait fini pour toujours, qu’il se délivrerait