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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/307

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Nicolaevna en contrefaisant Sanine… Voilà ce que c’est : le bouchon est tiré, il faut boire le vin… Mais non, non… Vous êtes charmant ! Vous êtes un brave garçon ! Et ma promesse je la tiendrai ! Voici ma main, sans gant, ma main droite, celle qui conclut les affaires… Prenez-la et croyez à ce serrement de main. Je ne sais pas trop quelle sorte de femme je suis… mais je suis un honnête homme, et l’on peut traiter des affaires avec moi.

Sans bien se rendre compte de ce qu’il faisait, Sanine porta cette main à ses lèvres.

Maria Nicolaevna retira lentement sa main et se tut, elle resta silencieuse jusqu’à ce que la voiture stoppât devant l’hôtel.

Elle se disposa à descendre… Sanine sentit sur sa joue un attouchement rapide et brûlant ; l’avait-il rêvé ?

— À demain ! murmura madame Polosov dans l’escalier, éclairée par les quatre bougies du candélabre que le portier tout chamarré d’or avait saisi entre ses mains, dès qu’il l’avait aperçue.

Elle tenait les yeux baissés : « À demain ! »

En rentrant dans sa chambre Sanine trouva