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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/318

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en plein dans le marais, et se mit à rire en criant :

— Faisons l’école buissonnière ! Vous savez ce que c’est que de chasser au moment des eaux printanières, demanda-t-elle à Sanine.

— Je le sais, répondit le jeune homme.

— J’avais un oncle, continua-t-elle, qui aimait beaucoup la chasse. Je l’accompagnais souvent… au printemps, c’est adorable !… Nous aussi, aujourd’hui, nous nous retrempons dans les eaux printanières… Seulement je vois que vous êtes un vrai Russe, et vous voulez épouser une Italienne… Enfin, c’est votre sort !… Tiens ! encore un fossé ! Hop, hop, hop !…

La cavale franchit le ravin, et le chapeau de Maria Nicolaevna s’envola, ses cheveux se déroulèrent sur son dos.

Sanine voulut sauter à bas de son cheval pour ramasser le chapeau, mais l’amazone le retint :

— Ne descendez pas de cheval, je le reprendrai moi-même…

Elle se pencha très bas tout en restant en selle, accrocha le voile avec le manche de sa