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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/320

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c’était un jeune centaure féminin — demi-animal, demi-Dieu ! — Et cette terre docile et bien disciplinée s’étonne devant la bacchante qui la piétine.

Enfin, Maria Nicolaevna arrêta son cheval trempé de sueur et couvert de boue.

La cavale fléchissait sous l’écuyère, et le puissant et lourd étalon de Sanine perdait son souffle.

— Eh bien ? c’est beau ? demanda Maria Nicolaevna dans un murmure d’extase.

— C’est beau ! répondit avec transport Sanine.

Son sang bouillonnait aussi.

— Attendez ! vous verrez ce qui nous attend encore !

Elle lui tendit la main, son gant était déchiré.

— Je vous ai dit que je vous amènerais dans la forêt, « vers les monts ! vers les montagnes ! »

En effet, couronnée par un mont altier, la montagne se dressait à deux cents pas du lieu où se trouvaient les sauvages cavaliers.

— Regardez, voici le chemin… Rajustons-nous un peu… et en route ! Mais au pas !… Il