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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/342

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Il déplia une fine feuille de papier à lettres bleu — une photographie tomba sur le plancher. Il la releva précipitamment, et resta ébahi : Gemma, Gemma jeune, comme il l’a connue il y a trente ans. Les mêmes yeux, la même bouche, le même type de visage.

Sur l’envers de la carte était écrit : « Ma fille Marianna. »

La lettre était simple et pleine de bonté.

Gemma remerciait Sanine de ne pas avoir douté d’elle, d’avoir eu confiance en elle. Elle ne lui cacha pas qu’elle avait cruellement souffert après la fuite de son fiancé, mais elle ajouta qu’elle avait regardé et regarderait toujours sa rencontre avec Sanine comme un bonheur, car cette rencontre l’avait empêchée d’épouser Kluber, et de cette façon bien qu’indirectement avait été la cause de son mariage avec M. Slocum, avec qui depuis vingt-huit ans elle vit heureuse et dans l’abondance.

Leur maison est connue de tout New-York.

Gemma annonça ensuite qu’elle avait cinq enfants : quatre fils et une fille de dix-huit ans, qui est déjà fiancée. Elle lui envoie la