Aller au contenu

Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bien qu’il fût depuis un grand nombre d’années en Allemagne, il n’avait appris qu’à jurer en allemand et cela en italianisant impitoyablement ses jurons.

Ferroflucto spitcheboubio ! (maudite canaille), disait-il de presque tous les Allemands.

En revanche, il parlait l’italien en perfection, car il était originaire de Sinigaglia, où l’on peut entendre la lingua toscana in bocca romana.

Émilio faisait le paresseux et s’abandonnait aux agréables sensations d’un convalescent qui vient d’échapper à un grand danger. Du reste il était facile de voir qu’il avait l’habitude d’être gâté tant et plus par tous les siens.

Il remercia Sanine, d’un air confus, mais son attention se concentrait sur les sirops ou les bonbons.

Sanine fut obligé de prendre deux grandes tasses d’excellent chocolat et d’absorber une quantité fabuleuse de biscuits ; à peine venait-il d’en grignoter un, que déjà Gemma lui en offrait un autre, — et comment aurait-il pu refuser ?

Au bout de quelques instants Sanine se sen-