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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/36

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tit dans cette famille comme chez lui ; le temps s’envolait avec une rapidité incroyable.

Sanine parla beaucoup de la Russie, de son climat, de la société russe, du moujik, et surtout des cosaques, de la guerre de 1812, de Pierre-le-Grand, des chansons et des cloches russes.

Les deux femmes avaient une notion très vague du pays où Sanine était né, et Sanine fut stupéfait lorsque madame Roselli, ou, comme on l’appelait plus souvent, Frau Lénore, lui posa cette question :

— Le palais de glace qui avait été élevé à Saint-Pétersbourg au siècle dernier, et dont j’ai lu dernièrement la description dans un livre intitulé : Bellezze delle arti, existe-t-il encore ?

— Mais croyez-vous donc qu’il n’y a jamais d’été en Russie ? s’écria Sanine.

Et alors madame Roselli avoua qu’elle se représentait la Russie comme une plaine toujours couverte de neiges éternelles, et habitée par des hommes vêtus toute l’année de fourrures et qui sont tous militaires : — il est vrai, ajouta-t-elle, que c’est le pays le