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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/41

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d’or, des montagnes d’or !… Mais Pantaleone était bien décidé à ne pas quitter l’Italie, le pays de Dante, il paese del Dante !

Ensuite vinrent les malheurs, il avait été imprudent…

Ici le vieillard s’interrompit, poussa deux profonds soupirs, baissa les yeux puis se remit à parler de l’époque classique du chant, et en particulier du célèbre ténor Garcia, pour lequel il nourrissait une admiration sans bornes.

— Voilà un homme ! s’écria-t-il. Jamais le grand Garcia — « il gran Garcia » — n’a condescendu à chanter comme les petits ténors — tenoracci — d’aujourd’hui, en fausset ; toujours avec la voix de poitrine, voce di petto, si !

Le vieillard de son poing frappa violemment son jabot.

— Et quel acteur ! Un volcan, Signori miei, un volcan, un Vesuvio ! J’ai eu l’honneur de jouer avec lui dans l’opéra de l’illustrissimo maestro Rossini — dans Othello. Garcia était Othello, je jouais Jago. — Et quand il prononçait cette phrase :

Pantaleone prit l’attitude d’un chanteur et