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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/46

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bridait ses yeux, retroussait ses narines, prenait une voix glapissante, grasseyait…

Elle ne riait pas en lisant, mais quand ses auditeurs — à l’exception de Pantaleone, qui était sorti de la chambre dès qu’il avait été question de lire l’œuvre d’o quel forroflucto Tedesco — l’interrompaient par une explosion de rire, elle laissait glisser le livre sur ses genoux, et la tête rejetée en arrière se livrait à des éclats de rire sonores qui secouaient les anneaux moelleux de ses boucles sur son cou et ses épaules.

Dès que l’hilarité de son auditoire s’était calmée, elle reprenait son livre, et redevenue sérieuse recommençait sa lecture.

Sanine ne pouvait se rassasier d’admirer la lectrice, se demandant comment ce visage si idéalement beau pouvait sans transition prendre une expression si comique et parfois presque triviale.

Gemma réussissait beaucoup moins bien à rendre les rôles de jeunes filles, les « jeunes premières », et surtout elle manquait les scènes d’amour ; elle-même sentait son insuffisance et leur donnait une légère teinte de