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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/48

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l’argent pour rien, et toi, cela te fait rire ?

— Ce n’est pas une affaire ! répondit Gemma. Cette dépense ne ruinera pas monsieur Sanine… et nous tâcherons de le consoler… Voulez-vous de la limonade ?

Sanine but un verre de limonade. Gemma reprit sa lecture et la gaieté générale fut rétablie.

Quand la pendule sonna minuit, Sanine se leva pour se retirer.

— Maintenant, il vous faut rester encore quelques jours à Francfort, dit Gemma… À quoi bon vous dépêcher de partir ?… Vous vous amuserez tout autant ici qu’ailleurs.

Elle se tut.

— Je vous assure, vous ne vous amuserez pas davantage ailleurs ! ajouta-t-elle en souriant.

Sanine ne répondit rien, mais il réfléchit que son porte-monnaie étant vide, il était obligé de rester à Francfort en attendant la réponse d’un ami de Berlin, à qui il pensait pouvoir emprunter quelque argent.

— Restez encore quelque temps avec nous, restez, dit à son tour Frau Lénore, vous ferez