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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/53

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contre l’autre avec une politesse si exquise, qu’il était impossible de ne pas s’écrier mentalement : « Oh ! ce jeune homme a du linge et des qualités d’âme de premier ordre ! »

Le fini de sa main droite dégantée, — de sa main gauche couverte d’un gant de suède, il tenait son chapeau lissé comme un miroir et au fond duquel s’étalait l’autre gant ; — le fini de sa main droite qu’il tendit à Sanine avec modestie mais fermement était au-dessus de tout éloge : chaque ongle était à lui seul une œuvre d’art.

Ensuite, M. Kluber expliqua, dans un allemand choisi, qu’il était venu présenter ses hommages et exprimer sa reconnaissance au monsieur étranger qui avait rendu un service si important à son futur parent, au frère de sa fiancée ; en disant ces mots il étendit sa main gauche vers Emilio, qui rougit, de honte semblait-il, se détourna dans la direction de la fenêtre et mit un doigt dans sa bouche.

M. Kluber ajouta qu’il serait heureux s’il pouvait être agréable à monsieur l’Étranger.

Sanine répondit non sans quelque difficulté,