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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/84

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la route unie, Sanine observait à la dérobée la façon dont Gemma se comportait avec son fiancé ; il les voyait ensemble pour la première fois. L’attitude de la jeune fille était calme et naturelle, quoiqu’un peu plus réservée et plus sérieuse que d’habitude.

Kluber avait l’air d’un supérieur plein de condescendance, qui s’accorde ainsi qu’à ses subordonnés un plaisir modéré et convenable.

Sanine ne remarqua pas chez le fiancé de Gemma de l’empressement. Il était évident que Herr Kluber considérait son mariage comme une affaire arrêtée, dont il n’avait plus aucune raison de s’inquiéter !

Mais il ne perdait pas un instant le sentiment de sa condescendance ! Pendant une longue promenade que les jeunes gens firent avant le dîner, à travers bois, dans la montagne et dans les vallées qui entourent Soden, Herr Kluber, tout en admirant les beautés de la nature, la traitait aussi avec une condescendance à travers laquelle perçait le sentiment de sa supériorité. Il fit la remarque que tel ruisseau avait tort de couler en ligne droite