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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/93

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et oppressée, leva les yeux et darda sur M. Kluber un regard pareil à celui qu’elle avait lancé à l’officier.

Emilio tremblait de rage.

— Levez-vous, mein Fraülein, dit Kluber toujours sur le même ton sévère, votre place n’est pas ici… Nous allons entrer au restaurant pour attendre la voiture.

Gemma se leva sans mot dire. M. Kluber lui offrit le bras, elle l’accepta, et il se dirigea avec elle vers le restaurant, d’une démarche majestueuse, qui devenait, ainsi que toute sa personne, plus majestueuse et plus fière à mesure qu’il s’éloignait de l’endroit où il avait dîné.

Le pauvre Emilio les suivit.

Pendant que M. Kluber réglait la note avec le garçon et supprimait le pourboire en guise d’amende, Sanine s’approcha en toute hâte de la table des officiers.

S’adressant à l’insulteur, qui était en train de faire respirer à ses camarades le parfum de la rose dérobée à Gemma, Sanine lui dit distinctement en français :

— Ce que vous venez de faire, monsieur, est indigne d’un honnête homme, indigne de l’u-