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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/94

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niforme que vous portez, et je viens pour vous dire que vous êtes un homme mal élevé et un insolent !

Le jeune officier se leva d’un bond, mais un de ses camarades plus âgé le retint et l’obligea à se rasseoir, puis se tournant vers Sanine lui dit en français :

— Êtes-vous le parent, le frère ou le fiancé de cette demoiselle ?

— Je suis un étranger, répondit Sanine, je suis Russe, mais je ne peux voir avec indifférence une pareille insolence. Au reste voici ma carte et mon adresse… Monsieur l’officier me trouvera à sa disposition quand il voudra.

Et Sanine jeta sur la table sa carte de visite, s’emparant du même coup de la rose qu’un des officiers avait laissé tomber dans son assiette.

Le jeune insulteur voulut de nouveau se lever, mais son camarade le retint en disant :

— Calme-toi, Daenhoff, calme-toi !…

Puis lui-même se leva, et portant la main à la hauteur de la visière, dit à Sanine, avec un ton et des manières qui n’étaient pas exempts de respect, que le lendemain un des officiers