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Page:Tourgueniev - Eaux printanières, trad. Delines, 1894.djvu/96

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monde remonta dans le landau. Emilio suivit Tartaglia sur le siège ; il s’y sentait plus à son aise ; il n’avait pas devant lui M. Kluber qu’il ne pouvait plus voir sans colère.

M. Kluber parla tout le long de la route sans interruption… mais il parlait seul ; personne ne le contredisait et personne n’était de son avis.

Il insista beaucoup sur le fait qu’on avait eu tort de ne pas suivre son conseil, quand il avait proposé de dîner dans le pavillon. On aurait évité tout désagrément.

Ensuite il émit quelques opinions avancées et libérales sur le gouvernement, qui permettait aux officiers de ne pas observer assez strictement la discipline, et de manquer de respect à l’élément civil de la société — « car c’est comme cela, ajouta M. Kluber, qu’avec le temps surgit le mécontentement, d’où il n’y a qu’un pas pour arriver à la révolution — nous en avons un triste exemple dans la France. » M. Kluber poussa un soupir sympathique mais sévère. Il se hâta d’expliquer que personnellement il nourrissait le plus profond respect pour les autorités et que jamais au grand ja-